5 Conseils aux jeunes ingénieurs civils débutant leur premier emploi

Félicitations à vous, nouveaux diplômés et qui souhaitent rejoindre le marché de travail cet été. Le territoire inconnu de devoir se réveiller régulièrement avant 6 heures du matin est intimidant, je le sais, car il y quelques années j’ai été là comme vous.

Pour vous faciliter la transition, j’ai regroupé ces 5 conseils sous forme de question/réponse, des conseils que j'ai aimé avoir reçu en démarrant mon premier emploi.

1-Ce que j’aurai aimé savoir sur mon premier emploi avant de commencer ?

Pour moi, Commencer ma carrière dans un bureau d’étude était presque systématique vue que :

· J’ai un diplôme d’ingénieur en génie civil qui témoigne que je suis assez ‘intelligent’ pour attaquer n’importe quelle situation,

· J’avais une passion pour les calculs et la résolution des problématiques en utilisant des models mathématiques, comme la plupart des ingénieurs d’ailleurs,

· J’ai été timide et j’avais du mal à établir des liens professionnels avec les autres,

Travailler, donc, dans un coin isolé à faire des calculs, des modélisations et de jolis dessins était le poste idéal pour moi.

Malheureusement j’avais complètement tort, car :

D’une part, le diplôme n’est pas un garant que vous allez réussir votre carrière, c’est juste un indice qui dise à votre futur employeur que vous avez la prédisposition à comprendre le langage du métier et à APPRENDRE !

Ensuite, à L’école, la réussite est mesurée par le nombre de réponses exactes obtenue lors d’un examen, mais au travail, la façon d’obtenir le résultat est souvent beaucoup plus importante que le résultat lui-même. Car il n’ya pas une seule réponse exacte à chaque problématique !

Un exemple pour illustrer ce paradoxe !

Disons que vous avez un poteau (3m de hauteur) avec et que descente de charge à l’ELU de 100tonnes.

Selon le BAEL, adopter l’une des sections suivantes : 25x25, 25x30, 20X30 ou 30x30 avec un ferraillage convenable, constituera une réponse correcte à la problématique : dimensionner le poteau ? Et pourtant personne ne peut prétendre avoir la meilleure réponse.

Pour avoir la meilleure réponse possible, d’autres paramètres doivent être pris en compte,

Y t elles des contraintes d’architecture sur la dimension à retenir? Quelle est la variante la plus économique sur le plan financier (métré et chiffrage de chaque variante) ? S’agit-il d’un poteau isolé ou d’un poteau noyé dans un mur ? Quelle est l’épaisseur du mur ? etc etc..

Toutes ces questions et bien d’autres et cette approche globale constituent le fond de travail d’un ingénieur et qui sont beaucoup plus importantes que les calculs arithmétiques de base.

En dernier lieu, construire un ouvrage de génie civil nécessite l’intervention de plusieurs acteurs,

· Un maître d’ouvrage qui désire construire un ouvrage sûr et à moindre coût,

· Un architecte qui a des exigences esthétiques et de fonctionnement et qu’il faut prendre en compte lors de notre conception,

· Des entreprises de constructions qui seront amenées à concrétiser nos dessins sur le terrain,

· Un bureau de contrôle, un laboratoire, un topographe, un OPCiste… chacun avec des missions à réaliser,

· Des collaborateurs internes (projeteurs, métreurs, supérieurs hiérarchiques…)

Par conséquent, la réussite d’un tel projet est étroitement liée à la réussite de communication entre ces différents collaborateurs. Et autant qu’un ingénieur civil, vous êtes bien au centre de ceci et vous avez besoin d’avoir de bonnes qualités relationnelles et une ouverture d’esprit pour mener à bien votre mission.

Récapitulatif :

· Oublier votre diplôme et commencer à apprendre le métier,

· Adoptez une approche globale de chaque projet et ne vous précipitez vers les calculs,

· Améliorer vos compétences relationnelles et renforcer votre présence

2-Ce que j’aurai aimé faire différemment au début de ma carrière ?

Au Maroc par exemple, les entreprises, les bureaux d’études, les bureaux de contrôle, les administrations publiques savent qu’ils ont besoin d’ingénieurs civils et en recrutent de plus en plus. Mais l’immense majorité de ces organismes, notamment les PME n’ont pas une structure d’intégration et d’encadrement claire et préétablie. Qu’est ce cela veut dire ?

Cela veut dire que c’est à vous, futur ingénieur, de vous renseigner bien sur votre rôle au sein de la structure que vous allez intégrer, quels sont vos missions et celles de votre organisme, vos responsabilités, vos limites, à qui rendre compte ?

Comment avoir accès à toutes ces informations ?

Tout simplement, posez des questions à votre entourage.

L’erreur monumentale à ne pas commettre est ne surtout pas vouloir donner l’air de Monsieur ‘qui sait tout ’et qui ne veut pas avoir l’air idiot en posant beaucoup de questions.

Au contraire, poser des questions vous permettra de raccourcir votre apprentissage, entretenir de bonnes relations avec votre entourage (on aime toujours être celui qui répond aux questions de l’ingénieur !) et surtout aidera votre employeur ou votre supérieur à partir sur de bonnes hypothèses sur ce que vous savez faire, ce que vous ne savez pas faire et quels genres de missions qu’on peut vous confier.

3-Si jamais je n’avais pas décroché mon premier emploi juste après mes études, comment aurais-je procédé ?

Heureusement, ce n’a pas été le cas pour moi car j’ai décroché mon premier emploi juste après l’école. Néanmoins, ceci sera le cas pour certains d’entre vous, alors calmez vous, vous n’êtes pas les seuls.

Il est évident qu’après l’école la pression augmente surtout quand on apprend que certains de nos collègues ont réussi à décrocher des postes au moment même de leurs stages de fin d’études. Et puis, plus les semaines passèrent (en plus des commentaires décourageants provenant de nos entourages) plus cette pression se transforme en angoisse et stress ; personne ne veut rester dans ce statu d’ingénieur chômeur !

Voici donc, quelques conseils pour vous soulager et vous donner des pistes,

· N’oublier pas que vous y êtes presque, après au moins 17ans d’études et un diplôme de cadre en poche, il ne reste qu’une dernière étape, alors essayer de ne pas en faire un drame,

· Profitez de cette période pour apprendre des choses en parallèle avec votre recherche, ce n’est facile, c’est vrai, mais n’oubliez pas que tout investissement utile de votre temps ne fera qu’augmentez vos chances,

· Créez un compte et soigner votre profil sur linkedIN et profitez des avantages de cette plateforme professionnelle pour rechercher des employeurs ou des personnes susceptibles de vous aidez ou de vous recommander. Soyez actif et visible !

· Ne vous comparez pas aux autres et n’essayez pas de recopier des parcours, chaque personne est unique et a sa propre histoire à raconter, alors commencez à écrire la vôtre.

· Réfléchissez bien avant d’acceptez une offre d’emploi, ne vous précipitez pas vers un embauche pour sortir de votre statu de chômeur. Ce n’est pas parce qu’on vous a proposé une offre que vous DEVEZ accepter toutes les conditions du contrat, certaines opportunités ne feront qu’augmenter votre frustration et contaminerons votre confiance en vous.

4-Le meilleur conseil qu’on ne nous a pas enseigné à l’école ?

Il faut garder toujours à l’esprit que la raison d’exister d’un ingénieur est bel et bien : résoudre un problème. Cependant, il y a une grande différence entre l’école et la vie pratique sur comment appréhender cette raison d’être,

A l’école résoudre une problématique sous-entend que :

· Vous avez suivi un cours précis animé par un professeur qui vous dit quoi apprendre,

· Vous avez toutes les hypothèses nécessaires pour faire votre analyse et vos calculs,

· Votre réponse sera sanctionnée par une évaluation par votre professeur,

· Et Puis c’est tout,

Au travail c’est complément différent :

· En absence d’une communication constructive de votre part, on va supposer que vous avez tout ce qu’il faut pour résoudre la problématique posée, enfin c’est pour cela qu’on vous a recruté, n’est ce pas ?!

· C’est à vous de constituer les hypothèses de votre analyse et de valider les résultats sur la base de ces hypothèses,

· La vérification de vos supérieurs, si vous avez de la chance d’en avoir une, ne vas pas rentrer dans les détails de votre analyse ni de vos calculs et se contentera souvent de vous mettre la pression pour finir le travail dans les délais,

· Et puis ce n’est pas fini, vous êtes complètement responsable de vos résultats et de vos plans tout au long de la vie de l’ouvrage.

Comprendre cette différence va vous aider à mieux comprendre votre rôle et faciliter votre intégration dans le milieu professionnel. Essayez, donc de trouver un ou des mentors qui peuvent vous enseigner et vous accompagner au départ car, il n’y personne qui va vous chercher pour enseigner ces trucs !

5-Mon meilleur conseil pour vous ?

En fait, j’en ai deux :

Le Premier:

Tout au long de votre parcours scolaire et académique, on vous a appris à lire, à écrire et à parler et faire entendre votre voix, mais rarement comment écouter activement les autres. Et quand on est ingénieur c’est encore pire ! On croit qu’on a toujours raison !

Dans un milieu professionnel, l’écoute active dans le but de comprendre et de collaborer sera votre arme secrète pour conquérir les cœurs de vos collaborateurs avant leurs cerveaux et par conséquent avoir accès au fruit de plusieurs années d’expérience et de savoir faire. Alors ne laissez pas votre Ego vous priver de cette mine d’or.

Le Deuxième :

Optimisez votre présence sur les réseaux sociaux et travailler sur votre ‘réputation digitale’, car aujourd’hui et avant de contacter un candidat pour un entretien on fait une recherche Google sur sa présence sur le Web. Dès lors, un recruteur ne vas pas se donner la peine de vos contacter pour un poste de chef de projet pour la construction d’un barrage, si au bout de quelques recherches on se rend compte que vous faite 100 commentaires par jours sur facebook et que 80% de vos postes tournent autour des chats jouant au piano ou l’élevage des abeilles au pôle nord…

Bon courage à Vous!