Ingénieur Structure: 5 Méta-compétences à développer!

Tout d'abord c'est quoi une méta-compétence?

La méta-compétence désigne la capacité à évaluer le stade de développement de ses compétences propres et la nécessité de les développer encore.

Très souvent quand on dit ingénieur structure; on pense systématiquement au calcul non linéaire et la modélisation des ouvrages sur Robot, CYPE, ETABS, TEKLA...Cette association dans notre perception des choses empêche souvent les ingénieurs débutants de pouvoir se situer par rapport à la chaîne de valeur dans le cycle de construction d'un bâtiment et encore moins à développer la capacité de s'auto-évaluer pour voir quelles sont les compétences à acquérir et/ou à développer pour avancer dans leur carrière.

Dans cet article, je vous propose de considérer 5 méta-compétences (Metaskill) qu'il est important de développer en tant qu'ingénieur structure.

1.       Vision HLL?

A L'EHTP, un professeur (JBB) de géotechnique a introduit ce concept HLL: Haut Large Long, qui veut tout simplement dire que l'ingénieur ne doit jamais commencer par faire les calculs intégrales et la résolution des équations différentielles avant d'avoir une large conceptualisation de la problématique en question.

A mon humble opinion, un ingénieur de structure doit prendre tout son temps avant de commencer sa mission proprement dite, à travers :

• La compréhension des rôles de tous les intervenants dans l'acte de bâtir
• L'assimilation des phases de concrétisation d'un projet de bâtiment (depuis le cahier de charge du maître d'ouvrage jusqu'à  sa réception définitive)
• La maîtrise des attributions d'un ingénieur de structure, ses responsabilités et ses liens avec l'ensemble des collaborateurs
• La réalisation des visites de plusieurs chantiers dans différentes phases d'avancement

Il est pertinent  de noter que toutes ces données ne sont pas accessibles pour tout le monde, le moyen le plus court pour se renseigner est de poser des questions à son réseau professionnel!

2. Construire un réseau professionnel solide:

Avec l'ère du numérique, tout le monde est accessible, vous pouvez facilement envoyer un mail à Victor Davidovici et même l'inviter à prendre un café et discuter les dernières nouveautés du génie parasismique!

Il faut oser s'exposer, faire des demandes de contact sur LinkedIn, Présentez-vous pendant les séminaires et les forums.

Salam Mr/Mme ….. , je m'appelle …., j'ai lu votre article sur X, j'ai vu votre youtube vidéo sur Y, J'ai suivi votre présentation pendant le forum T sur la thématique Alpha...J'ai trouvé hyper intéressant le sujet...si vous avez une minutes ou deux à m'accorder, J'aimerais bien en discuter?

Dans la quasi-totalité des cas, votre interlocuteur va être réceptif à votre demande, c'est humain; on aime toujours parler de nos exploits aux autres! Il faut savoir en profiter

Bien sûr, il ne s'agit pas de bombarder la boite mail de votre contact par des questions infinies à la moindre occasion, mais d'être très pertinent et sélectif dans vos interventions, surtout pendant les premiers échanges...

Ceci est dit, il est important de maintenir un équilibre entre le recours aux "experts" et l'autoformation à travers la lecture approfondie des ouvrages et des règlements régissant le métier,

3. Toujours recourir aux  textes réglementaires:

Il y une grande divergence dans les façons d'aborder les questions relatives à la réalisation des études de structure par les ingénieurs!. Cela est dû à plusieurs facteurs:

• Avec l'expérience, les ingénieurs développent des raccourcis leur permettant d'avoir des ordres de grandeur des résultats à obtenir.
• Par ignorance, certains ingénieurs ne savent pas faire une étude dynamique proprement dite, et se contentent de sur-dimensionner les éléments de structure et de dispatcher des voiles un peu partout dans le bâtiment à calculer,
• La différence entre les bureaux d'étude en termes de moyens technologiques utilisés pour réaliser les calculs (feuille Excel, Robot, ETABS, CYPE...)
• Le poids des anciennes pratiques héritées de génération en génération, souvent sans aucun fondement scientifique!

Il ne faut jamais prendre les pratiques couramment acceptées par les ingénieurs comme de l'argent comptant, il faut toujours revenir aux textes réglementaires, aux manuels de calcul et aux livres références en la matière pour avoir la bonne information ou la bonne formule à appliquer.

4. Appliquer ce que vous avez appris!

Aussi minime soit-elle, chaque information acquise (à travers votre réseau ou à travers l'autoformation), doit vous permettre de l'appliquer et de produire quelques choses de concret avec.

L'application va vous permettre deux buts majeurs:

• Vérifier votre compréhension au sujet traité.
• Découvrir d'autres information en relation avec le sujet de base, Ceci vous permettra d'approfondir votre compréhension et de consolider vos connaissances.

Exemple:

Sur la page 302 du Livre Thonier I, vous avez un exemple de calcul des sollicitations d'une poutre sur sol élastique.

L'auteur a utilisé un programme "POUELAS" pour résoudre le problème.

Vous pouvez reprendre le même exercice en utilisant Robot et comparer les résultats.

C'est juste un exemple dans un océan de possibilités, Il faut juste avoir le courage et développer l'habitude d'essayer de nouvelles choses.

                                                       Erreur fatale:

Quand on est cartésien, on pense qu'on doit d'abord cerner TOUS les aspects théoriques d'un sujet avant de commencer l'application de ce qu'on a appris. Croyez-moi, il s'agit tout simplement d'une autre forme de procrastination et le chemin le plus rapide vers la frustration.

5. Le partage et l'apprentissage en équipe:

Je ne me lasse de le répéter, dans la vie de tous les jours personne ne peut réussir Seul, et encore moins dans un domaine aussi complexe que l'industrie de bâtiment.

Je vous recommande deux pratiques dans ce sens:

• Dès que vous arrivez à assimiler un sujet, partagez-le avec votre réseau avec des personnes qui sont susceptibles de s'intéresser à ce que vous avez à dire. C'est une belle façon de générer des feedback et de créer des terrains de discussions fructueuses pour tout le monde.
• Si vous voulez lire un livre, ne le faîte pas tout seul; cherchez dans votre réseau deux ou trois personnes qui sont intéressés par le même sujet et partagez les tâches, fixez des délais et après inviter chacun à présenter le résultat de sa lecture. C'est aussi une autre façon de donner naissances à des échanges intéressants pour tout le monde.