Stratégie fiable pour anticiper les imprévus liés au sol dans les projets de construction
Un petit guide pour les maitres d'ouvrages, les maitres d'ouvrage délégués et les OPCistes.
1- Une petite Histoire ....
Été 2014, alors que nous travaillions sur un grand projet de construction, la construction d'une école d'ingénierie au Maroc, les travaux étaient très bien avancés au niveau de plusieurs blocs (administration, bibliothèque, salles de classes, ...) jusqu'au jour où l'entreprise a entamé les terrassements au niveau des blocs regroupant trois grands amphithéâtres.
À la surprise générale, ces amphithéâtres étaient situés sur un sol de remblai, nécessitant des fondations plus profondes que prévu. Le bon sol est situé à plus de 10m du niveau du terrain naturel, alors que juste à côté les autres blocs étaient à moins de 1.50m/TN et avec une bonne assise.
Malheureusement, à un stade aussi avancé du projet, avec des échéances serrées, toute modification de la conception architecturale était impossible
Le maitre d'ouvrage a été alors obligé de demander :
§ Au laboratoire de réaliser une étude complémentaire
§ Au bureau d'étude de refaire les fondations du bloc des amphithéâtres selon les résultats et les recommandations de l'étude géotechnique complémentaire
§ Au Bureau de contrôle de réexaminer les plans EXE établis par le bureau d'études
§ Solliciter les instances supérieures pour demander les crédits supplémentaires pour compenser les surcouts de la nouvelle conception.
Résultats:
§ Des honoraires en plus (Laboratoire, BET, BCT)
§ Retard dans le projet
§ Surcôut dans le projet
Toutes ces anomalies à cause d'une seule donnée!
Alors ne me dite surtout pas que c'est la faute du labaroratoire qui n'a pas fait son travail, il faut résilier son contrat!
Oui et après, est ce que le problème sera réglé?
Absolument pas!
À mon avis, le processus traditionnel de réalisation des études géotechniques est à la source de cette problématique majeure qui a engendré tous ces incidents
Aujourdhui, Voici comment on procéde:
Un cahier des prescriptions spéciales (CPS) du laboratoire est élaboré, incluant des essais types avec des quantités aléatoires ou basés sur des projets similaires.
§ Une fois le laboratoire désigné, il reçoit les coordonnées du site et la demande de réaliser les travaux requis.
§ Le laboratoire, sans orientation préalable, sélectionne des points sur le site du projet et effectue les essais demandés, puis soumet le rapport au maître d'ouvrage.
§ Le bureau d'étude technique (BET) récupère le rapport et l'utilise comme base pour réaliser les études des fondations, souvent sans effectuer de visite sur site
Résultats: Des suprises qui peuvent parfois bloquer des projets.
Dans ce présent article, je vais présenter l'approche que je considère pertinente à mettre en œuvre pour atténuer les conséquences imprévues résultant du manque de données sur les sols abritant les projets de construction.
2- Etude péliminaire:
Avant de lancer les consultations architecturales, notamment pour les grands projets, il est parfois pertinent de réaliser une étude préliminaire du site pour voir en gros les caractéristiques du sol et par conséquent la faisabilité du projet en question.
Les résultats de cette étude d'investigations peuvent être classés comme suit:
§ Un très bon sol sans aucune contrainte.
§ Un Sol hétérogène qui nécessite une adaptation des plans d'architecture (plans de masse pour minimiser les couts de réalisation (arrangement spatial des blocs, sous sol, vides sanitaires...)
§ Un très mauvais sol qui nécessite de chercher un autre terrain. Dans ce cas, engager un laboratoire avec une petite somme est capable de nous épargner des décisions tardives qui couteraient les yeux de la tête!
3- Déroulement de l'étude géotechhnique détaillé
Si l'étude préliminaire est concluante, je propose de faire les prestations dans cet ordre:
§ Engager le bureau d’études juste après l'architecte et le topographe
§ Réalisation du plan de masse du projet
§ Programmer une visite des lieux avec l'architecte et le BET: ayant pour objectif de mettre le point sur les points importants du projet.
§ Transmettre le plan de masse au bureau d'étude pour implantation des sondages adéquats (type et profondeur) en fonction de l'emplacement des blocs du projet et de leurs tailles (une tour R+20 n'est pas la même chose qu'une loge gardien)
§ Etablissement du CPS laboratoire sur la base du plan l'implantation du BET
§ Procéder à une visite des lieux pour vérifier les sondages réalisés par le laboratoire du projet.
§ Valider l'étude géotechnique par le BET et le maitre d'ouvrage.
4-Conclusion:
La réussite d'un projet de construction repose sur une approche collaborative et préventive dès les premières phases. En suivant une méthodologie rigoureuse d'études géotechniques, les risques liés au manque de données sur le sol peuvent être considérablement réduits, évitant ainsi des dépenses imprévues et des retards coûteux lors de la réalisation du projet